En lisant le dernier Télérama, je découvre un entretien avec Gilles Clément… Vous savez, le paysagiste-jardinier-écrivain à qui l’on doit le parc André Citroën ou encore le jardin sous le musée du quai Branly. Celui-la même qui le lendemain de l’élection de Sarkozy a rompu tous ses contacts avec l’État pour, je cite : « dénoncer un projet de société qui nous engage tous dans la destruction de la planète ». Voilà, le personnage, référence dans sa matière, homme de convictions qui n’est pas radical que dans son discours comme tant d’autres architectes !
En lisant cet article, je découvre un passage qui pourrait être une source d’inspiration et d’optimisme pour Marseille. À la question du journaliste qui demande si jardiner c’est une éthique, Gilles Clément répond qu’ : « Est jardinier tout être qui prend soin de la vie car il en est tributaire. Quelqu’un qui n’a jamais mis les mains dans la terre peut s’avérer un excellent jardinier planétaire parce qu’il aura tout fait pour protéger la vie, sa diversité et l’équilibre entre les sociétés. Je pense par exemple à Jaime Lerner, urbaniste et maire de Curitiba, au Brésil, une ville passée de 300 000 à 2,3 millions d’habitants en trente ans. Il n’est bien entendu pas jardinier au sens où on l’entend habituellement ! Mais il a imaginé une ville qui s’étend en faisant le moins de dégâts possible, avec des transports en commun quasi gratuits, des circulations en voiture malcommodes, des panneaux de signalisation aux couleurs simples pour que les gens se repèrent même s’ils ne savent pas lire… A Curitiba, le tri des déchets se fait sur la base du troc vert : tous les quinze jours, les gens rapportent les produits recyclables qu’ils ont stockés et on leur donne, en poids équivalent, des fruits et légumes du marché, invendus mais frais. Je pourrais aussi parler des faroles del saber, ces petites bibliothèques gratuites en forme de phare qu’il a fait installer en face de chaque école. Des piá, ces maisons où l’on enseigne aux enfants des favelas comment jardiner, recycler, faire du pain, fabriquer des objets à partir de matériaux recyclables... Bref, Lerner gère sa ville comme un jardin, en pensant aux humains et à tout le reste. ».
Quel rapport avec Marseille ? Voilà une ville, plus grande dans un pays plus pauvre que le notre et qui pourtant innove et invente des solutions de modes de vies pour tous. Voilà la preuve qu’il ne faut pas forcément beaucoup d’argent pour faire des choses et changer la vie des habitants. Ce qui compte, c’est d’avoir des idées et après le courage de les mener à bien. Pas forcément faire comme les autres et copier des solutions prêtes à l’emploi (tram., incinérateurs, Hard Rock Café…) et les faire accepter aux forceps. Mais pour avoir des idées, pour créer des solutions originales vraiment adéquates, encore faut-il avoir une certaine culture urbaine et ça ce n’est pas gagner ici !