24.4.06

Traffic de SHON...


Les mètres carrés fantômes de la Défense
trouvé dans
LE MONDE 24.04.06


Fièrement dressés à la lisière de l'Ouest parisien,
les gratte-ciel de la Défense symbolisent toujours,
vingt ans après leur construction, le rêve d'un
Manhattan français.

Mais, depuis plusieurs mois, une discrète enquête
judiciaire fait trembler sur leurs bases les tours de
verre et de béton et jamais le quartier d'affaires de
la capitale n'a autant mérité d'être appelé ainsi. Au
terme de longues investigations, confiées par le
parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) à la section de
recherches de la gendarmerie de Versailles,
d'importantes infractions au code de l'urbanisme ont
été établies, qui mettent en cause le promoteur
Christian Pellerin et assombrissent le bilan
immobilier de l'ex-Compagnie générale des eaux (CGE,
devenue Vivendi Universal).

Ces découvertes alimentent, selon une source proche de
l'enquête, la suspicion d'une fraude organisée qui
aurait permis la réalisation illicite de "plusieurs
dizaines de milliers de mètres carrés de bureaux"
entre 1996 et 2000 – la même source avance le chiffre
de 45000 mètres carrés, ce qui pourrait constituer la
plus importante violation du code de l'urbanisme
jamais constatée en France.

Longtemps présenté comme l'homme fort de la Défense,
M. Pellerin était alors le consultant attitré de la
CGE – après en avoir présidé la filiale immobilière
Sari. Plusieurs architectes, géomètres et certains de
ses anciens collaborateurs, interrogés entre novembre
et décembre 2005, l'ont désigné comme le concepteur
d'un système de contournement des attributions de
permis de construire et d'agréments à l'édification de
bureaux. "J'assume tout ce qui a été fait", a déclaré
au Monde M. Pellerin – qui n'a pas encore été convoqué
par les gendarmes –, invoquant une "interprétation des
règles de l'urbanisme qui allait dans le sens du
progrès" et niant toute "volonté de frauder".

En reconstituant l'entrelacs des complicités qui ont
permis la mise en œuvre de ces fraudes, l'enquête
éclaire les relations – personnelles et financières –
qu'entretint, quinze années durant, le promoteur avec
les plus hauts dirigeants de l'ex-Générale des eaux.
L'ancien directeur des affaires immobilières, Stéphane
Richard (aujourd'hui PDG de Veolia Transports), et
l'ancien président de Vivendi Jean-Marie Messier, ont
été convoqués et placés en garde à vue par les
gendarmes – respectivement les 9 et 20 janvier.

Le 23 février, c'est Guy Dejouany, patron historique
de la Compagnie générale des eaux et parrain de
l'ascension de M. Pellerin au firmament des affaires,
qui a dû répondre aux questions des gendarmes.

Entourés de la plus grande confidentialité, ces
interrogatoires ont porté sur le degré de connaissance
que tous trois avaient des procédés utilisés par M.
Pellerin et ses équipes.

La découverte de cette affaire des mètres carrés
illicites remonte au printemps 2004. Acquéreurs des
tours Egée, Cèdre et Colisée, situées sur la ZAC
Danton, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), deux fonds
d'investissements allemands, Kam Am et West Invest,
avaient relevé d'énormes discordances entre les
surfaces autorisées par les permis et les volumes
construits. Les vérifications de la direction
départementale de l'équipement (DDE) concluaient alors
à l'existence de 7993 mètres carrés illicites sur les
trois immeubles – soit 7% du volume autorisé – et les
services du préfet des Hauts-de-Seine assuraient, dans
une note récapitulative, que "l'administration [avait]
été induite en erreur par les demandes de permis
déposées".

"Nous n'avions aucun moyen de vérifier dans le détail
la conformité des bâtiments", explique, penaud, le
chef de la DDE, Jean Guillot. La fraude alléguée a
consisté, dans chacun de ces immeubles de bureaux, à
déduire de la surface hors œuvre nette (SHON) les
locaux techniques inté rieurs, par extension d'une
règle applicable aux seules constructions de
logements. Nombre de dépositions recueillies par les
gendarmes rapportent que les tableaux de calcul
annexés par les architectes aux demandes de permis de
construire étaient "corrigés" en ce sens par les
collaborateurs de M. Pellerin. Aussi l'enquête,
ouverte le 26 juillet 2004 par le procureur de
Nanterre, Bernard Pagès, retient-elle, outre les
infractions au code de l'urbanisme, les qualifications
pénales de faux et usage de faux et d'escroquerie.

Les enquêteurs semblent avoir élargi leur champ
d'investigation à au moins trois autres tours : Adria
(siège du géant de l'audit Ernst and Young), Vinci
(propriété de M. Pellerin lui-même, louée jusqu'à tout
récemment au cabinet d'audit Mazars et Guérard) et
Balzac (dont la société néerlandaise Corio vient de
dénoncer le bail). Sur ce dernier building, le
dépassement avoisinerait 20000 mètres carrés… "Si l'on
examine avec les mêmes critères tous les immeubles de
la Défense, assure l'un des architectes familiers du
quartier, c'est au moins 100000 mètres carrés
frauduleux que l'on va découvrir!"

M. Pellerin va plus loin, assurant avoir "construit au
moins 700000 mètres carrés à la Défense avec le même
procédé", qu'il justifie par l'évolution du marché
après la crise immobilière du début des années 1990 et
le besoin d'une "nouvelle génération d'immeubles,
conçus pour réduire les coûts énergétiques et
améliorer la qualité de l'air". "C'est pourquoi,
plaide-t-il, on a intégré à chaque étage les locaux
techniques d'où est commandée la climatisation, qui se
trouvaient autrefois sur le toit ou au sous-sol – et
dont la surface pouvait, elle, être déduite. Tout le
monde le savait, y compris l'administration."

Le promoteur a fait valoir cet argument dans un
courrier récemment adressé à Nicolas Sarkozy, en sa
qualité de président du conseil général des
Hauts-de-Seine et de l'Etablissement public
d'aménagement de la Défense (EPAD). Il conteste
néanmoins toute manipulation des chiffres et affirme
n'avoir "jamais participé à aucune réunion sur le
sujet avec les architectes des immeubles concernés".

L'attitude de Vivendi est moins combative. Le groupe a
dû racheter – en juin 2004 – 15 millions d'euros de
droits à construire pour compenser les excédents
découverts et la DDE lui a imposé, ainsi qu'aux autres
propriétaires des tours fautives, un redressement
global de 1,7 million d'euros correspondant aux taxes
impayées sur les surfaces dissimulées. Le maire (UMP)
de Courbevoie, Jacques Kossowski, a en outre constaté
l'invalidité des permis de construire, créant une
situation juridique confuse : sauf à démolir, le code
de l'urbanisme ne prévoit aucune possibilité de
régularisation; les tours illicites sont donc
condamnées… à le rester.

Rattrapés par le passé immobilier du groupe, qui
faillit déjà causer sa perte il y a dix ans, les
dirigeants actuels de Vivendi pourraient demander des
comptes à M. Pellerin. Le contrat d'assistance conclu
en 1995 avec sa société, Investissements études et
diversifications (IED), incluait parmi ses missions
"l'optimisation des surfaces" et "l'optimisation des
rendements de plans" – termes qui peuvent
rétrospectivement apparaître ambigus. Le document
précisait que M. Pellerin serait "seul responsable de
toutes les infractions commises par lui-même ou ses
employés (…) et de toutes les conséquences
dommageables (…) susceptibles d'en découler".

Déjà plusieurs fois condamné par la justice, mis en
examen en 2005 pour abus de confiance dans la gestion
de sociétés civiles immobilières, l'ex-roi de la
Défense est une fois encore en position d'accusé.

Hervé Gattegno

18.4.06

Demain à Marseille ?



Ca devait arriver, non ?

Des logements neufs ne trouvent pas de locataires
trouvé dans LE MONDE du 18.04.06
Le phénomène a de quoi surprendre dans un contexte général de pénurie locative : des logements neufs ne trouvent pas preneurs. Mais cet état de fait prévaut bel et bien dans des municipalités de taille moyenne : Dax, Mont-de-Marsan (Landes), Montauban (Tarn-et-Garonne), Tarbes (Hautes-Pyrénées). Sans être cantonné au Sud-Ouest, ce dérèglement des marchés locatifs y semble plus répandu qu'ailleurs. Il reflète les effets pervers de l'amortissement "Robien".
Installé au printemps 2003 par le ministre du logement de l'époque, ce dispositif visait à soutenir l'investissement locatif en accordant des réductions d'impôt aux particuliers qui achètent un bien neuf et le mettent en location pendant au moins neuf ans - sous réserve de ne pas dépasser certains niveaux de loyers. L'objectif a été atteint : en 2005, quelque 65 000 habitations neuves ont été vendues dans le cadre de ce dispositif, selon la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC). Les avantages fiscaux ont stimulé l'activité dans le secteur du bâtiment, ce qui explique, en partie, la reprise des mises en chantier (410 000 en 2005, soit le chiffre le plus élevé depuis le début des années 1980).
Quel a été l'impact de l'"amortissement Robien" dans le Sud-Ouest ? Difficile à dire, en l'absence de statistiques. Certains fonctionnaires du fisc s'étonnent de ce "trou noir" qui empêche l'évaluation fine d'un dispositif dont le coût pour les finances publiques n'est pas négligeable (80 millions d'euros en 2004, 190 en 2005, 300 en 2006, d'après des évaluations contenues dans le budget 2006).
DEUX MOIS DE LOYER GRATUITS
Cependant, quelques estimations "au doigt mouillé" circulent. Dans le Tarn, la construction de logements collectifs a été multipliée par deux depuis 2002 par rapport au rythme annuel moyen enregistré sur la période 1995-2000, selon une étude de l'Association départementale d'information sur le logement (ADIL). A Albi, les "résidences locatives" représenteraient 80 % des logements d'un quartier qui a été entièrement créé en deux ans. L'ADIL constate que "les loyers de mise en location des logements de Robien (sont) souvent fixés à un niveau trop élevé". Résultat : "Les bailleurs ont du mal à trouver un locataire." Du coup, tout est bon pour appâter le chaland : deux mois de loyer gratuits, dispense de frais d'agence. Des candidats locataires se sont même vu proposer des bons d'achat dans une grande surface.
Le phénomène est loin d'avoir épuisé tous ses effets dans le Tarn : lorsque les programmes en cours de réalisation seront livrés, souligne l'étude de l'ADIL, "on peut s'attendre (...) à une augmentation de la vacance qui s'accompagnera d'un tassement des loyers". "Une telle évolution est d'autant moins improbable, conclut-elle, que les produits offerts semblent assez mal adaptés à la demande en raison de leur standardisation : beaucoup de deux-pièces et de trois pièces, peu de grands logements."
Ce décalage est déjà visible sur certains territoires. A Mont-de-Marsan et sur l'agglomération de Dax, plusieurs centaines de logements sont inoccupées, parce que le plafond de loyer applicable (9,94 euros du mètre carré) est trop élevé par rapport au profil socio-économique des ménages, analyse Yannick Billoux, directeur de l'ADIL. Dans les Landes, la situation tourne parfois à "l'absurde" avec "des habitations vides à louer et des candidats locataires qui ne trouvent pas de logement adapté à leurs ressources", observe Jean-Claude Courtès, agent immobilier à Mont-de-Marsan. "Nous manquons de HLM", ajoute-t-il.
Roger Metellus, président de la FPC pour la région Midi-Pyrénées, reconnaît l'existence du phénomène dans quelques villes où le marché locatif est "timide". Mais ces difficultés sont "marginales et temporaires", selon lui. A terme, les logements inoccupés trouveront preneurs, pronostique-t-il, quitte à ce que les loyers s'ajustent à la baisse. "N'oublions pas les vertus du dispositif Robien qui a permis de reconstituer l'offre à un moment où les investisseurs institutionnels se désengagent du marché locatif", souligne-t-il.
Il n'empêche : des déséquilibres surgissent, ici et là. A qui la faute ? Denise Pons, présidente de la chambre syndicale des propriétaires des Hautes-Pyrénées, pense que les investisseurs ont leur part de responsabilité, dans la mesure où ils ont souvent "acheté sur plan, sans se préoccuper de la demande locale". "L'amortissement Robien fonctionne à guichet ouvert et n'est soumis à aucune contrainte d'emplacement, analyse M. Billoux. C'est un produit libre, vendu dans une logique de défiscalisation." Les investisseurs ont perdu de vue qu'un bien immobilier exige de raisonner sur "le long terme" et doit "répondre à des besoins", renchérit Jean-Michel Baumevieille, gérant de JMB Immobilier à Millau (Aveyron).
UN RISQUE POUR LES INVESTISSEURS
Pour Jacques Souillé, responsable d'une agence immobilière à Agen (Lot-et-Garonne), certains promoteurs ne sont pas exempts de reproches, car ils ont parfois lancé des programmes sans tenir compte de la demande locative ni "consulter les professionnels locaux". Mais M. Metellus se demande si les municipalités touchées ont bien été "raisonnables" en délivrant, presque concomitamment, des permis de construire à plusieurs opérateurs qui produisaient du "Robien".
En tout cas, certains investisseurs risquent de se sentir floués, surtout s'ils perdent leur avantage fiscal, faute d'avoir pu louer leur logement dans les douze mois suivant l'achèvement. Depuis 2003, une quinzaine de réclamations ont été adressées à des directions départementales de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF) en Midi-Pyrénées. "Les plaintes ont principalement porté sur l'inadéquation entre les arguments verbaux de la vente, basés sur une évaluation prévisionnelle des revenus, et les recettes réelles jugées faibles en raison des difficultés à trouver des occupants", indique-t-on à la DDCCRF de Haute-Garonne.
A terme, certains immeubles pourraient fort bien basculer dans de graves difficultés. Roland Dompeyre, agent immobilier dans le Tarn-et-Garonne, raconte avoir convoqué des réunions de copropriétaires qui ont attiré deux personnes seulement. Les autres copropriétaires, souvent domiciliés à des centaines de kilomètres de là, ne s'étaient pas déplacés. Seront-ils soucieux de leurs biens, scrupuleux sur le paiement des charges ? Comme le dit un fonctionnaire d'une direction départementale de l'équipement, "on peut s'interroger sur le devenir de résidences" construites en "Robien". Le spectre des copropriétés en difficultés n'est pas loin.
Bertrand Bissuel
Pour infos,
Des mesures correctrices
Le projet de loi "portant engagement national pour le logement", débattu en seconde lecture par les sénateurs, prévoit plusieurs mesures pour corriger les dérives de l'amortissement Robien.
Le "Robien recentré". L'un des trois loyers-plafonds va être revu à la baisse (- 20 %) ; un certain nombre de villes se verront appliquer de nouveaux loyers-plafonds, décotés, là aussi, de 20 %.
Le "Borloo populaire". Il prévoit un échéancier d'amortissement identique à celui du "Robien recentré" (50 % sur neuf ans) et permet à l'investisseur de prolonger la location et l'avantage fiscal sur deux périodes de trois ans, à raison de 2,5 % l'an. Les loyers-plafonds seront inférieurs de 30 % à ceux du marché.

12.4.06

Grues !

Parait-il que jamais il n'y a eut autant de grues à Marseille en ce moment... La municipalité a l'air de s'en réjouir ! Soit, mais s'il est sur que cela prouve que le bâtiment va bien, rien n'est moins sur pour la ville et encore moins pour l'architecture... Combien de ses grues construisent une architecture de qualité ?
Au moins, ces grues là n'attendent pas les architectes...

10.4.06

Paulo Mendes da Rocha, Pritzker Prize 2006

L’architecte brésilien, Paulo Mendes da Rocha, agé de 77 ans, né le 25 octobre 1928 vient d’être déclaré lauréat du Pritzker Prize 2006. Auteur du pavillon du Brésil à l’exposition internationale d’Osaka au Japon en 1969, il fera partie en 1971, des trente finalistes pour la conception du centre Georges Pompidou. ( Paris) Il est le deuxième architecte brésilien, après Oscar Niemeyer ( en 1988 ), à recevoir cette distinction qui consacre l’oeuvre d’un architecte. En France, seul Christian de Portzamparc, a mérité cet honneur.


(musée Brésilien des Beaux-arts à Sao Paulo - 1996)

6.4.06

Architecture marseillaise engagée

Une ballade, une photo !
merci LB pour ta curiosité militante...

Les tours pas très écolos ?

Trouvé sur cyberarchi.com, l'avis d'un écolo sur l'hypothétique retour de tours en France et notamment à Paris... bon ça à le mérite de clarifier la position des antis... Maintenant, ça vaut ce que ça vaut et ça propose pas grand chose quand même... allez bonne lecture, camarades !
Contre des tours à Paris : les Verts présentent leurs arguments
Le groupe Verts au conseil de Paris s’inscrit résolument contre tout projet de construction de tours dans la capitale. Jean-François Blet, élu Verts du XIXème arrondissement et membre du groupe Verts au Conseil de Paris, présente dans CyberArchi les principaux arguments de cette opposition.
«L’aménagement de la couronne de Paris, où vivent 200.000 Parisiens, devait être un projet phare de la mandature. L’enjeu de l’aménagement du secteur Paris Nord Est, aujourd’hui en déshérence, et l’opération d’aménagement «Clichy Batignolles» est fondamental pour Paris. Délaissés par les mandatures précédentes, ces territoires vont enfin être requalifiés. Nous nous en réjouissons. Mais quels sont les problèmes posés ? Que découvre-t-on au fil des projets des Grands Projets de Renouvellement Urbain (GPRU) et de secteurs d’aménagement ? Des immeubles résidentialisés et des projets de tours de bureaux.»«Le programme de l’équipe Dusapin envisage une quinzaine de tours à l’emplacement du stade des Fillettes et une à deux tours près de la gare Dubois, Porte de la Chapelle. Or, le vœu voté en novembre 2003 par le Conseil de Paris précisait que le prochain Plan local d’urbanisme (PLU) respectera la servitude existante de limitation du plafond parisien à 37 mètres. Certes, le projet Dusapin a été rendu avant l’adoption de ce vœu mais, dorénavant, la règle actuelle doit être respectée et non transgressée.»«Comment justifier le retour des tours à Paris ? L’argumentaire selon lequel «Paris n’est pas assez étendue pour recevoir tous les programmes de logements, d’équipements et d’activités nécessaires à son développement et doit être en phase, en émulation, avec les grandes métropoles internationales sur le plan architectural» est des plus spécieux.»«Paris a vécu une première phase de construction de tours dans les années 50, 60 et 70. Cette première phase a été très mal perçue par les Parisiens, et plus largement par les Français, qui ont déploré cet urbanisme à dimension inhumaine. Aussi, lorsque Bertrand Delanoë, maire de Paris, évoque la possibilité de revenir sur l’interdiction de construire des tours à Paris, les réactions d’enthousiasme ne furent guère nombreuses si ce n’est chez les architectes, et encore pas tous, et chez les promoteurs avides de profits juteux. Les Parisiens, dans leur grande majorité, sont en effet hostiles aux tours.»«En guise de concertation, furent organisées il y a trois mois au pavillon de l’Arsenal une exposition publique rendant compte de vagues intentions d’aménagement et une réunion publique où seuls des architectes et urbanistes favorables au retour des tours furent invités à s’exprimer. Ce type de concertation bidon est un marché de dupe. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de réunions publiques pour montrer les propositions concrètes des architectes ? Selon les comptes rendus du comité de pilotage, cette possibilité fut évoquée mais refusée. De telles méthodes sont révélatrices d’un mépris certain pour la démocratie participative.»«Par ailleurs, Bertrand Delanoë affirme qu’il n’y aura pas de quartiers de tours. Or, il y a déjà deux tours Porte de la Chapelle. Si l’on n’en rajoute une, deux ou trois, cela fait trois, quatre ou cinq. A partir de combien de tours a-t-on un quartier ? Si l’on voulait réellement requalifier la Porte de la Chapelle, ce n’est pas en ajoutant des tours, c’est en démolissant les tours actuelles et en engageant une véritable opération de renouvellement urbain. Le renouvellement urbain est censé réparer les erreurs du passé, pas les reproduire.»«Se lamenter sur l’exiguïté du territoire parisien pour justifier la construction de tours n’a pas de sens. Paris est la ville la plus dense d’Europe et l’une des villes les plus denses du monde. Paris a une densité deux fois supérieure au centre de Tokyo. Le 11ème arrondissement avec 40.000 habitants au km² est l’une des zones les plus densément peuplées du monde juste derrière le quartier central de Hong-Kong. Qui plus est, la baisse de la population parisienne est jugulée, certaines hypothèses démographiques envisageant même une hausse de la population pour les vingt prochaines années. En outre, la densité bâtie ne cesse d’augmenter, avec une hausse de la surface bâtie de 4 millions de m² depuis dix ans. Justifier la construction de tours en affirmant qu’elles permettront la réalisation d’espaces verts, équipements et logements relève ainsi d’une falsification perverse.»«Les tours ne sont pas une réponse à la requalification de la ceinture périphérique. Le périphérique rend effectivement très difficile le traitement et l’utilisation de ses abords immédiats. Le meilleur remède reste la couverture. Un mur continu de constructions aurait également un effet certain mais cela n’est pas souhaitable. Les tours laissent des espaces entre elles. Elles n’isolent ainsi que très partiellement des nuisances du périphérique. Une autre solution fut adoptée sur de nombreux secteurs en implantant des équipements sportifs. Une bande d’une centaine de mètres située en bordure immédiate du périphérique trouvait ainsi une utilité tout en séparant le périphérique des territoires urbanisés.»«Les emprises disponibles pourraient fort bien accueillir des équipements et des jardins, ce qui permettraient de réaffirmer la vocation initiale de «ceinture verte» de ces espaces. Or, le projet du PLU est de dédier ces espaces à l’activité économique. Ainsi, la seule raison d’implanter des tours Porte de la Chapelle est de rentabiliser les terrains municipaux.»«Selon le projet Dusapin, 10% des surfaces seulement devraient ainsi être allouées au logement. Certes, la proximité du périphérique restreint les possibilités mais une répartition plus équilibrée entre les différentes fonctions est tout à fait envisageable. Sur Clichy Batignolles, secteur également adossé au périphérique, le projet retenu prévoit de réserver au logement 30% des surfaces. A Paris Nord Est, c’est l’activité tertiaire qui prime. Qui plus est, les projections effectuées ne prennent pas en compte les quelques 100.000 m² de bureaux en construction sur le parc du Millénaire et les 80.000 m² déjà réalisés de l’espace Pont de Flandres, deux opérations situées sur le périmètre du secteur. Si l’on additionne les 380.000 m² de bureaux envisagés sur le secteur Paris Nord-Est, Parc du Millénaire et Espace Pont de Flandres inclus, au 210.000 m² du secteur Clichy Batignolles, on atteint 600.000 m² de bureaux, soit 85 % de la surface de bureaux programmée sur la ZAC Paris Rive Gauche.»«Pourquoi aller à l’encontre des objectifs de mixité affichés par une des grandes lois fondatrices du précédent gouvernement, la loi SRU ? Comment justifier de telles orientations, qui relèvent du plus archaïque zoning et d’une conception égoïste, parisiano-parisienne de l’aménagement ? Pour des raisons pécuniaires. On développe une offre pour espérer engranger les dividendes de la taxe professionnelle au détriment d’un aménagement équilibré qui prenne en compte la crise du logement sans précédent que connaît Paris. Le chômage parisien touche principalement les emplois peu qualifiés, peu concernés par le développement de l’activité tertiaire. En outre, avec 32 millions de m² de surface, Paris et la petite couronne ont déjà le parc de bureaux le plus important d’Europe devant le Grand Londres et l’un des plus importants du monde équivalent à celui de Manhattan. Le développement massif de l’immobilier de bureaux ne peut être perçu comme une priorité fondamentale pour l’économie parisienne.»«Construire de nouvelles tours reviendrait en fait à engager Paris sur la voie du conformisme et de la banalisation. Dans toutes les grandes métropoles, on retrouve en effet les mêmes tours réalisées par les mêmes architectes. Tokyo, Pékin, Shanghai, Taïpeh, Londres et Francfort où fleurissent les immeubles de grande hauteur sont-ils des exemples à suivre en matière d’urbanisme et d’architecture ? Devons-nous nous lancer dans une course infantile à la tour et à la verticalité avec ces métropoles pour savoir qui a la plus belle et la plus grande ?»«En outre, une notion très contemporaine, très moderne, souvent récupérée et dévoyée, est celle de développement durable. De part leur coût de construction, leur coût de gestion et leur coût d’entretien, sans parler de l’ombre qu’elle crée, les tours sont des bâtiments intrinsèquement anti-écologiques. Certes, Norman Foster se targue d’avoir construit à Francfort une tour ‘écologique’. On peut en effet y ouvrir les fenêtres, grand progrès, et le système thermique serait performant. Toutefois, cela reste bien insuffisant pour rivaliser en terme de performances énergétiques avec un immeuble de taille modeste, bien isolé, et utilisant l’énergie solaire.»«Le comité international olympique qui a le sens de certaines valeurs ne s’y est d’ailleurs pas trompé et refuse que soient implantées des tours sur le secteur du Village Olympique. Les deux tours ne pousseraient ainsi que passée la trêve olympique de 2012. A l’esprit des jeux succèdera le cynisme. La tour est le symbole de la banalisation internationale du paysage urbain, la mondialisation libérale appliquée à l’architecture.»«Or, une autre architecture, un autre urbanisme sont possibles. Les plus grandes réussites architecturales de ces dernières années, que ce soit le musée Guggenheim de Franck Gehry à Bilbao ou le grand magasin Selfridges de l’agence Future System à Birmingham ou le Millenium de Foster à Londres ne sont pas des tours. A Paris, quelles sont les plus belles réalisations des dernières décennies ? L’Institut du Monde Arabe de Jean Nouvel, la Cité de la Musique de Christian de Portzamparc ou les Folies de Tschumi à la Villette. Autant de réalisations qui respectent la morphologie parisienne. Certes, New York est une ville magnifique mais la verticalité constitue sa spécificité, à l’opposé de Paris qui est universellement apprécié, aimé pour son tissu urbain hérité du XIXème siècle et ses hauteurs modérées. Serait-ce parce que Venise est aussi une ville magnifique que nous devrions remplacer les axes rouges et les Grands Boulevards par des canaux ? Respectons Paris et son histoire. Nous pouvons être modernes sans être conformiste. Enfin, en autorisant la construction de tours, nous ouvririons une brèche dans laquelle ne manquerait pas de s’engouffrer l’ensemble des communes de l’agglomération, ainsi que les prochaines mandatures.»«Paris reste, dans la majorité de ces quartiers à l’exception notoire des quartiers de grands ensembles, une ville agréable car elle a su conserver un tissu urbain constitué et cohérent et non céder aux sirènes d’une pseudo modernité symbolisée par les tours ; ces tours qui déstructurent l’espace urbain en niant cet élément intégrateur, vecteur de lien social, qu’est la rue. Toutes les études l’attestent : on vit mal dans les tours. Les sentiments d’anonymat, d’enfermement et de relégation y sont exacerbés. En outre, les coûts d’entretien sont faramineux, faisant ainsi peser des charges extrêmement lourdes pour les locataires. Le surcoût est de 30%.» «Si l’urbaniste et philosophe Paul Virilio considère le retour des tours comme une catastrophe, c’est qu’il estime que «partout, dans les grandes cités mondiales, nous assistons à des tours de plus en plus élevées qui s’élèvent au milieu des bidonvilles». Et il ajoute, prophétique : «si on a envie de faire la même chose à Paris, on n’a qu’à continuer comme ça».»

5.4.06

Dédicace aux architectes...étudiants !

ETUDIANT POIL AUX DENTS
par Renaud
tiré de l'album: Un Olympia pour moi tout seul
en écoute gratuite et légale sur :
http://www.radioblogclub.com/
Boutonneux et militants
Pour une société meilleure
Dont y s'raient les dirigeants
Où y pourraient faire leur beurre
Voici l'flot des étudiants
Propres sur eux et non-violents
Qui s'en vont grossir les rangs
Des bureaucrates et des marchands
Etudiant poil au dents
J'suis pas d'ton clan pas d'ta race
Mais j'sais qu'le coup d'pieds au cul
Que j'file au bourgeois qui passe
Y vient d'l'école de la rue
Et y salit ma godasse
Maman quand j's'rais grand
J'voudrais pas être étudiant
Alors tu seras un mois que rien
Ah oui ça j'veux bien
Etudiant en architecture
Dans ton carton à dessin
Y a l'angoisse de notr'futur
Y a la société d'demain
Fais-les nous voir tes projets
Et la couleur de ton béton
Tes H.L.M. sophistiqués
On n'en veut pas nous nos maisons
On s'les construira nous même
Sur les ruines de tes illusions
Et puis on r'prendra en main
Quoi donc ? L'habitat urbain
Je sais ça t'fait pas marrer
J'pouvais pas m'en empêcher

Maman quand j's'rais grand
J'voudrais pas être étudiant
Ben alors qu'est-ce que tu veux faire ?
Je sais pas moi gangster
Etudiants en médecine
Tu vas marner pendant sept ans
Pour être marchand d'péniciline
Tes saloperies d'médicaments
Aux bourgeois tu r'fileras
Des cancers à tour de bras
Et aux prolos des ulcères
Parc'que c'est un peu moins cher
Et l'tiers-monde qu'a besoin d'toi
Là c'est sur que t'iras pas
Malgré tous ceux qui vont crever
T'oublieras que j'ai chanté
La médecine est une putain
Son maquereau c'est l'pharmacien
Maman quand j's'rais grand
J'voudrais pas être étudiant
Ben alors qu'est-ce que tu veux être ?
Je sais pas moi poète
Etudiant en droit
Y a plus d'fachos dans ton bastion
Que dans un régiment d'paras
Ça veut tout dire eh ducon !
Demain c'est toi qui viendras
Dans ta robe ensanglantée
Pour faire appliquer les lois
Que jamais on a voté
Ta justice on en veut pas
Pi si tu finis notaire
P't'être qu'on débarqu'ra chez toi
Pour tirer les choses au clair
Et tant pi s'il est pas là
Maman quand j's'rais grand
J'voudrais pas être étudiant
Ben alors qu'est-ce que tu veux faire ?
Je sais pas moi infirmière
Etudiant en que dalle
Tu glandes dans les facultés
T'as jamais lu l'Capital
Mais y a longtemps qu't'as pigé
Qu'y faut jamais travailler
Et jamais marcher au pas
Qu'leur culture nous fait gerber
Qu'on veut pas finir loufiats
Au service de cet Etats
De cette société ruinée
Qu'des étudiants respectables
Espèrent un jour diriger
En trapinant dans leurs cartables
La conneries de leurs aînés
Maman quand j's'rais grand
J'voudrais pas être étudiant
Alors tu s'ras un moins que rien
Ah oui ça j'veux bien

4.4.06

Autocongratulation architecturale ?



ouais ou branlette pseudo-intelectuelle. De toutes manières, à l'Ordre, on y va que pour les apéros... et encore quand c'est une entreprise qui paie !