C'est un « bordel », inscrit à la bombe noire, qui a fait déborder le vase pour Louis. « Ça fait presqu'un an, calcule-t-il, mais ceux juste à côté datent d'il y a une semaine. Marseille n'a déjà pas une très belle architecture, alors si, en plus, on tague tous les murs... » Sur les façades du parking de son immeuble, situé près de Castellane, les tags ont envahi l'espace. Trop, pour Louis, qui décide avec des voisins de créer l'association Rostag. Sa mission : organiser la riposte des habitants face à l'envahisseur graffeur.
« Si vous allez déposer plainte, vous avez de grandes chances de ne pas être suivi. Les autorités ont d'autres choses à faire, note Laurent Verbois, vice-président de l'association. Pourtant, sur les six premiers mois de 2008, une centaine de tagueurs ont été arrêtés à Marseille. Nous avons donc pensé qu'il fallait essayer de se grouper pour être entendus. » Rostag a ainsi déposé, il y a quelques semaines, sa première plainte collective, qui concerne 250 personnes. Dans la plupart des condamnations, les tagueurs doivent nettoyer leurs inscriptions et écopent, en sus, d'une amende, pouvant aller jusqu'à 4 000 euros. « Ce n'est pas de la grande délinquance, on ne demande pas qu'ils soient pendus, reprend Laurent Verbois. On veut simplement réparation du préjudice. Et surtout, qu'ils repeignent les murs. »
Pour la suite, l'association espère mobiliser à ses côtés les grands tagués comme la SNCF, la RTM ou la Poste, ainsi que la municipalité. Cette dernière aurait de bonnes raisons de se mobiliser : chaque année, le nettoyage des tags, qu'elle assure gratuitement pour les particuliers quand l'inscription est située en façade, lui coûte près de 800 000 euros. « De l'argent jeté par les fenêtres », déplore Martine Vassal, adjointe au maire à la Qualité de la ville, qui a décidé de se pencher sur la question.
L'élue a pris rendez-vous avec le parquet de Marseille pour mettre en place une procédure, inspirée de ce qui se fait dans des villes comme Aix ou Grenoble. « Comme les tags sont nettoyés, on manque de preuve, note-t-elle. L'idée, c'est donc de prendre la photo du tag avant le nettoyage et comme ça, si on attrape quelqu'un en train de faire le même, le dossier sera alourdi. » Pour l'instant, l'initiative de la municipalité ne concerne que les graffs ponctuant les murs du centre-ville. « Je fais la distinction entre les tags artistiques et les autres », assure l'adjointe.
Graffeurs artistes contre taggeurs vandales. Ce débat, Guillaume l'a entendu « des milliards de fois ». Mais à 22 ans, ce Marseillais compte déjà huit ans de grafs à son actif. Pour lui, la réalité du terrain n'est pas aussi tranchée. « Il y a de tout chez les graffeurs, explique-t-il. Certains sont polyvalents et font à la fois des fresques et des signatures, d'autres sont très spécialisés, d'autres encore cherchent surtout à taguer dans des endroits difficiles d'accès ou très surveillés. »
Plus attiré par le challenge esthétique, l'étudiant en graphisme s'est spécialisé dans les lettrages élaborés, qu'il peint sur des murs où le tag est toléré, comme vers la Corderie ou près de Luminy. « On n'a pas à faire nos tags là où on n'a pas le droit parce que même si c'est joli, ça ne plaira pas à tout le monde, assure-t-il. On n'a pas à s'imposer. En tout cas, c'est ma démarche. » Un point de vue qui n'est pas partagé par l'ensemble du milieu, en particulier chez les « signeurs » poursuivis par l'association Rostag. « Leur but, c'est d'être vus partout. Ils marquent leur territoire, mais c'est du matraquage, concède Guillaume. Moi, c'est surtout les camions tagués que je ne cautionne pas. Ce sont des particuliers qui n'ont rien demandé et qui, le matin, retrouvent leur véhicule tout dégueulasse. Si le graf, c'est écrire son nom, il y a quand même des valeurs. »
« Si vous allez déposer plainte, vous avez de grandes chances de ne pas être suivi. Les autorités ont d'autres choses à faire, note Laurent Verbois, vice-président de l'association. Pourtant, sur les six premiers mois de 2008, une centaine de tagueurs ont été arrêtés à Marseille. Nous avons donc pensé qu'il fallait essayer de se grouper pour être entendus. » Rostag a ainsi déposé, il y a quelques semaines, sa première plainte collective, qui concerne 250 personnes. Dans la plupart des condamnations, les tagueurs doivent nettoyer leurs inscriptions et écopent, en sus, d'une amende, pouvant aller jusqu'à 4 000 euros. « Ce n'est pas de la grande délinquance, on ne demande pas qu'ils soient pendus, reprend Laurent Verbois. On veut simplement réparation du préjudice. Et surtout, qu'ils repeignent les murs. »
Pour la suite, l'association espère mobiliser à ses côtés les grands tagués comme la SNCF, la RTM ou la Poste, ainsi que la municipalité. Cette dernière aurait de bonnes raisons de se mobiliser : chaque année, le nettoyage des tags, qu'elle assure gratuitement pour les particuliers quand l'inscription est située en façade, lui coûte près de 800 000 euros. « De l'argent jeté par les fenêtres », déplore Martine Vassal, adjointe au maire à la Qualité de la ville, qui a décidé de se pencher sur la question.
L'élue a pris rendez-vous avec le parquet de Marseille pour mettre en place une procédure, inspirée de ce qui se fait dans des villes comme Aix ou Grenoble. « Comme les tags sont nettoyés, on manque de preuve, note-t-elle. L'idée, c'est donc de prendre la photo du tag avant le nettoyage et comme ça, si on attrape quelqu'un en train de faire le même, le dossier sera alourdi. » Pour l'instant, l'initiative de la municipalité ne concerne que les graffs ponctuant les murs du centre-ville. « Je fais la distinction entre les tags artistiques et les autres », assure l'adjointe.
Graffeurs artistes contre taggeurs vandales. Ce débat, Guillaume l'a entendu « des milliards de fois ». Mais à 22 ans, ce Marseillais compte déjà huit ans de grafs à son actif. Pour lui, la réalité du terrain n'est pas aussi tranchée. « Il y a de tout chez les graffeurs, explique-t-il. Certains sont polyvalents et font à la fois des fresques et des signatures, d'autres sont très spécialisés, d'autres encore cherchent surtout à taguer dans des endroits difficiles d'accès ou très surveillés. »
Plus attiré par le challenge esthétique, l'étudiant en graphisme s'est spécialisé dans les lettrages élaborés, qu'il peint sur des murs où le tag est toléré, comme vers la Corderie ou près de Luminy. « On n'a pas à faire nos tags là où on n'a pas le droit parce que même si c'est joli, ça ne plaira pas à tout le monde, assure-t-il. On n'a pas à s'imposer. En tout cas, c'est ma démarche. » Un point de vue qui n'est pas partagé par l'ensemble du milieu, en particulier chez les « signeurs » poursuivis par l'association Rostag. « Leur but, c'est d'être vus partout. Ils marquent leur territoire, mais c'est du matraquage, concède Guillaume. Moi, c'est surtout les camions tagués que je ne cautionne pas. Ce sont des particuliers qui n'ont rien demandé et qui, le matin, retrouvent leur véhicule tout dégueulasse. Si le graf, c'est écrire son nom, il y a quand même des valeurs. »
Stéphanie Harounyan
article trouvé dans 20 minutes du 19 février.