La Plaine. La rue Copello a été transformée en impasse pour relier deux écoles. Faute de concertation, la municipalité monte les habitants d’un quartier les uns contre les autres.
« Ce n’est pas contre les enfants, ils passent avant tout ! Mais ce n’est pas des manières ! » Mme Filippo habite rue Copello depuis 1976. Cette petite voie relie les rues Ferrari et Benoît-Malon, derrière la Plaine. De part et d’autre, deux écoles maternelles, Copello et des Claristes. Le 28 novembre dernier, deux grilles ont été installées dans la journée, coupant l’accès et transformant la rue en impasse. Un panneau indique que cela fait suite à la demande des parents pour la sécurité des enfants et mentionne un commissaire enquêteur.
« Les enfants ne cessent de passer de l’école principale à l’annexe et doivent traverser régulièrement la rue. C’était réellement dangereux, entre les voitures et les scooters, un agent de l’école ayant même été renversé. Sans oublier les poubelles et les crottes de chien… », confirme une maman. Qui oserait aller contre ce principe ? « Nous ne sommes pas des bourreaux d’enfants. De plus, les travaux sont faits et je ne pense pas que l’on revienne en arrière. Mais il me semble important de dire notre opposition à la méthode employée. » Bernard Koury habite la rue depuis 20 ans et a improvisé un collectif pour dialoguer avec la mairie quand il a appris ce projet en août dernier.Le problème de méthode, c’est l’absence de concertation. « Ensemble nous aurions pu, par exemple, évoquer la construction d’une passerelle et réfléchir ensemble à l’avenir pour que cette rue transformée en impasse ne devienne pas un lieu de trafic, une zone de before ou d’after pour les noctambules de la Plaine… », plaide Bernard Koury qui précise n’avoir jamais vu de commissaire enquêteur : « Nous avons juste été reçus par la mairie pour comprendre... que tout était bouclé. »Dans cette rue paisible, Mme Maurel-Porrez est effectivement bouleversée. « J’habite ici depuis 1964. Quand je sors, je tourne toujours à droite. C’est là-bas que je fais mes courses, je vais voir mes amis ou je vais au club pour les vieux. Là… » Là, Mme Maurel-Porrez doit faire le tour par la rue des Claristes. A un certain âge, cela compte. Et au-delà de la fatigue que cela provoque, ces habitants se sentent niés dans leur histoire.Outre ce problème de « méthode municipale », cela pose aussi la question de la politique de la ville en matière d’écoles maternelles. Ne créant plus de nouvelles structures dans un centre ville où les familles sont de plus en plus nombreuses, on en est réduit à pousser les murs, augmenter les effectifs des classes, refuser les inscriptions… Et transformer les rues en cour d’école. Du coup, l’école de musique longtemps accueillie à l’annexe Copello… disparaît pour scolariser 90 enfants, ce qui donne 240 gamins sur les deux sites.Cerise sur le gâteau, cette politique municipale provoque une guerre intestine dans le quartier. Faute de « médiateur », habitants et parents d’élèves s’opposent par journal de quartier interposé. Les premiers s’en prennent aux seconds les qualifiant de « néo arrivants », de « Bo-Bos qui s’imposent ». Les seconds se défendent, rappelant que « non seulement Marseille s’est toujours construite avec de l’immigration, qu’elle vienne du Maghreb, des Alpes ou de Paris » et soulignent qu’une connaissance fine des enfants de l’école montre davantage de familles populaires que bourgeoises et bohèmes.Comme quoi, une bonne concertation, cela permet la paix sociale ! Et cela, la mairie ne l’a… pas compris.
ANGÉLIQUE SCHALLER
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