L'été, la ville devient belle pour faire la fête... à Marseille, comme ailleurs !
Petit tour des dernières grandes fêtes marseillaises ! Ca sert à ça aussi une ville, non ?
(merci Philippe et http://www.concertandco.com/)
Acte 1 : Fête de la musique - dans un grand brouillard de merguez et de décibels
Un certain masochisme récurrent nous conduit chaque année a faire une dizaine de fois le tour de la Plaine à la recherche du concert perdu, cette année comme les autres. A vrai dire c'était comme toujours, à la fois charmant et crispant. Crispante, la musique jouée à fond par des baffles surpuissants et dont tant de gens se contentent (mention spéciale au moulon au carrefour du Champ de Mars) : au delà d'un certain taux de rhum la plupart des gens n'ont plus besoin que d'un son de salsa, ils se dandinent en ricanant et se foutent pas mal d'avoir ou non des musiciens - c'est bien triste et, au nom de LiveinMarseille, je désapprouve fortement ! Voilà des gens qui méritent bien l'Univers Sale que leur prépare l'industrie du disque.Charmant par contre, tous les petits groupes qui s'évertuent à perpétuer la tradition jacklanguienne et que j'ai la flemme de référencer tous : les fameux djembés relous du cours Julien, le groupe de jeunes punks reprenant du Nirvana au même endroit (et dont le micro du chanteur ne marchait absolument pas), ou encore devant le Pub Notre Dame, le fameux groupe de rock-à-la-con-qui-donne-des-envies-de-meurtre, en enchaînant le terrible diptyque Quelque Chose en Toi / Sunday Bloody Sunday (ce qui réveille immanquablement en nous des envies de casser quelque chose de beau). S'étant emparé des désormais fameux samossas de la Place Paul Cézanne (déjà repérés lors de la Fête de Noailles), on a donc prudemment fui avant Roxanne...Sinon et pour notre grand plaisir, c'est aussi la fameuse soirée où la Maison Hantée rouvre ses portes de métal ajouré (voir en bonus infra, la chronique du restaurant). On y passe à plusieurs reprises entre deux concerts, croisant des punks aggravés et qui désespèrent de voir un bon concert (quand ça veut pas...), sauf à un moment où les Menpenti y jouent, aussi fort que d'habitude (mais avec un son bien pire). Ambiance sympa mais réellement dangereux pour les oreilles, on a pas tenu... Et c'est un adepte de cette musique qui vous le dit !Et puis on a enfin vu les Dirteez, groupe qu'on ratait avec une belle régularité depuis une décennie : un groupe de rockabilly pétaradant et Crampsieux ,chantant dans un micro vintage de toute beauté devant le Cosmic'Up ! A signaler, l'attitude parfaite de crooner décalé du chanteur, impassible devant le passage de flots de gens qui bien souvent cédaient à la tentation de chanter avec lui, et les poses terriblement lascives de la guitariste Wild Cat Lou. Grande classe. Incontestablement notre coup de coeur de la soirée. Celle-ci s'est d'ailleurs finie en constatant tristement qu'il y avait au monde des filles qui, non seulement se faisaient taper dessus en public, mais en plus aimaient ça : même à plusieurs, il n'y a pas eu moyen de séparer la malheureuse demoiselle au nez déjà ensanglanté de son futur bourreau potentiel - l'amour rend décidément les gens bien stupides, il était temps de rentrer.
Acte 2 : Fête du Panier - la réconciliation
Après qu'elle ait été successivement annulée puis ratée (par nous), retour au quartier aux 2600 années et autant de ruelles. Comme l'a pronostiqué La Provence (qui a fait l'incroyable effort de passer voir un défilé de mode dans l'après-midi), la fête a duré jusqu'à très tard (même fatigué on y a quand même tenu jusqu'à minuit et demi, soit le minimum syndical pour une chronique !).On y a notamment écouté avec plaisir rue Caisserie, un désinvolte et explosif duo contenant de vrais morceaux d'On Vend la Caravane dedans : guitare et contre-bassine de bon aloi, chansons décalées et marrantes, et vas'y que j'te reprenne l'Homme à la Moto de Piaf comme si de rien n'était. Un vrai petit moment de bonheur qu'on a squatté bien plus longtemps que prévu, ratant magistralement The Jack place des 13 Cantons (qui avaient pourtant l'air de plaire à la foule) !On a également croisé à plusieurs reprises une très bonne Batucada tout de rouge vêtu, qui a d'abord joué place du Refuge, avant de s'aventurer dans les rues et de déclencher des embouteillages dignes du chantier du tram. Ainsi que, au rayon embouteillages, deux énormes poissons rampants (à moins que ce ne fut des cafards ?) et une inquiétante et magistrale bestiole montée sur échasses.Au rayon têtes d'affiches, un certain Akli D Place des pistoles, pratiquant une world music (gitan/zouk/jazz and co) de qualité avec des lumières soignées (mais les bières étaient vraiment trop chères pour envisager d'y rester longtemps), et puis les amusants Brassens En Afrique place de Lenche, qui font exactement ce que leur nom indique. On y a tapé dans les mains sur des rythmes chaloupés en chantant Pauvre Margot et autres classiques, tout en repoussant les assauts de l'affreuse patronne de resto qui voulait nous chasser sans cesse de sa terrasse.A signaler aussi Place des Moulins, outre l'excellente projection de Tabasco Video qui parlait avec humour de tri sélectif, d'égalité des sexes, de vie du Panier et du clip de la Mamie Rap... On a écouté un petit bout d'un groupe formé d'un guitariste quadra reprenant du Hendrix et d'un jeune joueur de djembé, pour une fois incroyablement talentueux ! Le minot (allez, je vous le fais à 12 ans maxi) s'est ainsi lancé dans un solo de djembé qui était à la fois technique, varié et artistique : la classe totale. Il faut le signer tout de suite parce que s'il persiste, dans 10 ans ce sera le Guem blanc ! Quand on pense au nombre de gens qui nous les brisent avec le même instrument et avec 10 ans de plus ...Ayant bouclé le tour du Quartier par une 2ème vodka tagada, et n'ayant plus la force de goûter à tout ce qui avait l'air bon (un habitant sur deux du Panier a fait la cuisine ce soir-là, c'était littéralement la foire aux accras et aux samossas !), il faut avouer que le courage nous a manqué pour remonter les Accoules et repartir pour un tour - mais si quelqu'un est resté plus tard, sa réaction est attendue pour décrire la suite de la soirée !
Acte 3 : La Fête Bleue - Peut-on pouffer ?
Décidément la couleur bleue a du souci à se faire. La vague bleue n'avait déjà pas eu lieu à Marseille il y a une semaine. La fête du même nom sur le Vieux-Port ? Une sono louée, un DJ au nom improbable, une pauvre guinguette La Cagole, des étudiants en commerce aux t-shirts sponsorisés, quelques animateurs tentant de retenir les gens (qui allaient ...au Panier) en leur mettant du bleu sur la figure...A se demander qui à la Mairie a payé pour cette triste animation sans caractère : même les grands assemblages de ballons bleus avaient du mal à tenir sous le vent et ressemblaient à de pauvres érections chancelantes. La Provence qui a tout de même dépêché deux personnes pour couvrir l'événement a écrit qu'il y avait un millier de personne (en effet, c'est environ ce qu'il y a sur le Vieux-Port un samedi soir ordinaire) et surtout, que la fête a duré "jusqu'à 2 heures du matin". Manque de bol nous sommes passés à 0 h 40 et c'était déjà plié/rangé. Rien que pour ça on se dit que certaine presse régionale mériterait de crever tant elle se fout du monde.
Conclusion : Jean-Claude, si tu savais, tes fêtes, tes fêtes ...
Pour conclure sur ces trois fêtes : le peuple de Marseille a encore démontré avec brio qu'il était tout à fait capable de produire du lien social et du divertissement, que ce soit de façon plus ou moins anarchique (Fête de la Musique), ou plus ou moins subventionnée (Fête du Panier). La seule façon dont ça ne marche pas par ici, c'est quand c'est juste une Fête ...achetée. Belle leçon non ?
2 commentaires:
Merci de noter que l'auteur de cette chronique -votre serviteur- peut-être contacté par mail (pboeglin[at]yahoo.fr)
Si vous reprenez d'autres chroniques à l'avenir, il serait aimable et courtois de prévenir les auteurs avant.
Nos textes sont certes libres de droit, c'est même flatteur d'être ainsi repris ! Pour autant nous souhaitons savoir où et comment nous sommes publiés !
Merci d'en tenir compte et bonne continuation.
OK.
Vos critiques sont réelement de qualité.
Nous tacherons de vous prévenir les prochaines fois.
Encore merci !
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